Finaliste 2015
Simone Cavadini
Simone Cavadini, né en 1988 au Tessin, étudie le design graphique à Lugano avant d’entrer à l’ECAL où il obtient, en 2012, un Bachelor en communication visuelle et photographie avec mention. Influencé par la culture italienne, son travail cherche à déchiffrer les dispositifs
de la société moderne.
Son travail a notamment été exposé dans le cadre du Swiss Photo Award (2012), New York Photo Award (2013/2014), et du Prix PhotoforumPasquArt (2015). Actuellement, il vit et travaille à Paris.
de la société moderne.
Son travail a notamment été exposé dans le cadre du Swiss Photo Award (2012), New York Photo Award (2013/2014), et du Prix PhotoforumPasquArt (2015). Actuellement, il vit et travaille à Paris.
RES PVBLICA, 2013
« Ce travail analyse le rapport entre spectacle et pouvoir dans les médias italiens. Il est constitué de photographies grand format de deux grands plateaux de tournage d’émissions de Mediaset – la plus grande télévision privée italienne, propriété de Silvio Berlusconi – à Milan et à Rome.
Mon approche, une photographie à la chambre grand format, vise à montrer le régime particulier de vibration optique de ces décors imposants. Leurs structures hyper-baroques, leurs rhétoriques connotées de bien-être économique, leurs couleurs saturées et leurs éclairages inondant visent à immerger les participants et les téléspectateurs de ces émissions dans un excès visuel qui a pour but de les désubjectiver, c’est-à-dire de leur faire perdre l’expérience de leur individualité. On peut voir dans cette forme d’hyper-spectacle le pendant, dans le postmoderne italien, du « panem et circenses » du cirque romain, qui à travers un jeu de pouvoir consistant à offrir des divertissements au peuple, visait à s’assurer son consensus. Ces dispositifs de pouvoir ont comme effet aliénant ultime de se substituer à la réalité subjective même des spectateurs, qui sont pénétrés par ce pseudo-monde à part.
Je cherche dans mon approche à suggérer une lecture critique du spectacle dans notre société, en suivant certains concepts développés par le philosophe Giorgio Agamben dans « Qu’est-ce qu’un dispositif ? » Mon choix d’une représentation de type photographique vise à stopper le rythme frénétique des images télévisées afin de rendre analysable leur décor, ou l’envers de leur décor, ce qui revient au même car en hyper-spectacle tout est surface. Mon acte est une profanation du monopole d’apparence produit par ces dispositifs, au sens d’Agamben, pour qui profaner signifie restituer quelque chose à l’usage commun et à la propriété des hommes. En définitive, mon propos tente d’ouvrir une fenêtre à la réappropriation des dispositifs et ainsi combattre le processus de désubjectivisation que ceux-ci génèrent. »
Simone Cavadini
www.simonecavadini.com
Mon approche, une photographie à la chambre grand format, vise à montrer le régime particulier de vibration optique de ces décors imposants. Leurs structures hyper-baroques, leurs rhétoriques connotées de bien-être économique, leurs couleurs saturées et leurs éclairages inondant visent à immerger les participants et les téléspectateurs de ces émissions dans un excès visuel qui a pour but de les désubjectiver, c’est-à-dire de leur faire perdre l’expérience de leur individualité. On peut voir dans cette forme d’hyper-spectacle le pendant, dans le postmoderne italien, du « panem et circenses » du cirque romain, qui à travers un jeu de pouvoir consistant à offrir des divertissements au peuple, visait à s’assurer son consensus. Ces dispositifs de pouvoir ont comme effet aliénant ultime de se substituer à la réalité subjective même des spectateurs, qui sont pénétrés par ce pseudo-monde à part.
Je cherche dans mon approche à suggérer une lecture critique du spectacle dans notre société, en suivant certains concepts développés par le philosophe Giorgio Agamben dans « Qu’est-ce qu’un dispositif ? » Mon choix d’une représentation de type photographique vise à stopper le rythme frénétique des images télévisées afin de rendre analysable leur décor, ou l’envers de leur décor, ce qui revient au même car en hyper-spectacle tout est surface. Mon acte est une profanation du monopole d’apparence produit par ces dispositifs, au sens d’Agamben, pour qui profaner signifie restituer quelque chose à l’usage commun et à la propriété des hommes. En définitive, mon propos tente d’ouvrir une fenêtre à la réappropriation des dispositifs et ainsi combattre le processus de désubjectivisation que ceux-ci génèrent. »
Simone Cavadini
www.simonecavadini.com