Finaliste 2017
Leslie Moquin
Leslie Moquin est une photographe française, née en 1986. Après des études de relations internationales à la Sorbonne, elle obtient le diplôme de l'École nationale supérieure de la photographie d'Arles en 2013. Son travail ménage l'équivoque entre approches plastique et documentaire et questionne l'originalité esthétique de territoires choisis.
Suite à une résidence de création avec l'Alliance française de Bogota, elle poursuit de 2016 à 2017 un projet sur l'univers des soundsystems de la côte caribéenne colombienne.
Suite à une résidence de création avec l'Alliance française de Bogota, elle poursuit de 2016 à 2017 un projet sur l'univers des soundsystems de la côte caribéenne colombienne.
Hasta Abajo !, 2016-2017
Samedi soir, quartier de La Nieves, Barranquilla. El Gran Lobo pousse un premier hurlement, les basses vrombissent, les décibels s'élèvent, l'air tremble. Les danseurs se mettent peu à peu à chalouper, collés serrés, bercés par le rhum ou les bières bues en cadence. Dans chaque quartier populaire des caraïbes colombiennes, de Mompóx à Carthagène, la scène se répète. Chaque fin de semaine, le soir venu, les picós (les soundystems locaux) se mettent à rugir et exulter, irradiant leurs couleurs fluorescentes. On vient s'y divertir au son de la champeta, un genre musical né dans les années 1970, fusion de sons caribéens et de musiques d'Afrique de l'Ouest.
De fait, les picós, leur esthétique, la champeta ou l'univers des verbenas (les fêtes) sont sujets de fierté pour une communauté afro-colombienne qui vit majoritairement dans les quartiers les plus déshérités des grandes villes de la côte. Beaucoup sont originaires de San Basilio de Palenque, un village mythique de l'intérieur des terres, fondé par une communauté de Marrons qui s'y refugia en 1603 avant d'obtenir sa liberté par un accord de paix avec la couronne d'Espagne en 1713. La richesse de cet héritage et de ce métissage culturel peine pourtant à être reconnue. Malgré la loi de 1993, dite « loi de negritudes », le chemin vers l'égalité et la justice social semble encore long à parcourir. Dans ce contexte, les picós font figure de totems d'une véritable contre-culture dotée de son histoire et des ses codes musicaux ou esthétiques.
De fait, les picós, leur esthétique, la champeta ou l'univers des verbenas (les fêtes) sont sujets de fierté pour une communauté afro-colombienne qui vit majoritairement dans les quartiers les plus déshérités des grandes villes de la côte. Beaucoup sont originaires de San Basilio de Palenque, un village mythique de l'intérieur des terres, fondé par une communauté de Marrons qui s'y refugia en 1603 avant d'obtenir sa liberté par un accord de paix avec la couronne d'Espagne en 1713. La richesse de cet héritage et de ce métissage culturel peine pourtant à être reconnue. Malgré la loi de 1993, dite « loi de negritudes », le chemin vers l'égalité et la justice social semble encore long à parcourir. Dans ce contexte, les picós font figure de totems d'une véritable contre-culture dotée de son histoire et des ses codes musicaux ou esthétiques.